Comment soulager les douleurs menstruelles par l’alimentation ?

par | 21 Oct 2022 | Etudes & Informations, Nutrition | 0 commentaires

18 min de lecture

Ceren Taşdemir
Ceren Taşdemir
Diététicienne, experte en nutrition et rédactrice scientifique

La douleur des règles, en termes scientifiques, la dysménorrhée est l’une des plaintes gynécologiques les plus courantes rapportées par les jeunes femmes (1). La dysménorrhée fait référence à des crampes douloureuses survenant dans le bas-ventre ou le bassin pendant les menstruations (2) et est ressentie par 60 à 70% des jeunes femmes (3, 4). Bien que la douleur des règles ne soit pas considérée comme un trouble mettant la vie en danger, elle peut réduire la qualité de vie car elle peut interférer avec les activités quotidiennes ainsi qu’avec les relations familiales ou sociales (5). Dans cet article, nous te présenterons les approches nutritionnelles qui te permettront de soulager les symptômes et de faire face aux douleurs des règles !

Définitions des douleurs de règles

Chez les femmes, le cycle menstruel commence à la puberté et c’est au cours de ces premières années que les femmes connaissent le plus de transformations de leur cycle menstruel. Un cycle menstruel normal est périodique et dure entre 24 et 38 jours. Une fois par cycle, les femmes ont leurs règles, avec un flux menstruel qui dure généralement de 5 à 8 jours. La quantité habituelle de sang perdu se situe entre 5 et 80 ml (6, 7).

Les douleurs ou crampes des règles sont un problème courant lié au cycle menstruel chez les jeunes femmes. Elles se présentent généralement sous la forme d’une douleur pelvienne ou abdominale inférieure chronique. Parfois, elles s’accompagnent de plusieurs autres symptômes, tels que un sentiment de dépression, des vertiges, de l’irritabilité, de la diarrhée ou des nausées. De plus, lorsque la douleur est associée à une affection reconnue comme l’endométriose, on parle de dysménorrhée secondaire (8). D’autres problèmes fréquents du cycle menstruel chez les jeunes adultes sont les cycles irréguliers et les irrégularités dans la quantité de saignement (9).

Conséquences des douleurs de règles

La dysménorrhée primaire est susceptible de causer une incapacité et une inefficacité à l’école ou au travail. Il a été signalé qu’environ 1 % des femmes en âge de procréer perdent leurs heures de travail actives pendant 1 à 3 jours par mois. De même, environ 14 % des filles sont absentes de l’école en raison de contractions utérines douloureuses (10, 11). La douleur des règles peut engendrer un sentiment de honte, ou des sautes d’humeur, mais également des dépenses liées à l’achat d’antidouleurs (12), ce qui influencent les relations sociales et la situation économique des femmes. C’est pour cela que l’on définie la dysménorrhée comme un trouble important.

Mécanismes et traitements

Il a été signalé que plus de 90 % des adolescentes dans le monde et plus de 50 % des femmes ayant leurs règles se plaignent de la douleur des règles (13). Bien qu’elle soit très répandue chez les jeunes filles et qu’elle affecte gravement la vie quotidienne, les recherches montrent que les familles et les jeunes ne bénéficient pas de conseils et de soins médicaux adéquats pour les douleurs des règles, car ils les considèrent comme un événement normal et traditionnel.

L’un des mécanismes bien connu de la douleur des règles est la libération élevée de prostaglandines dans le tissu utérin dès le début des menstruations. Les prostoglandines sont des métabolites sous forme de composés lipidiques dans le corps. Ils ont divers effets semblables à ceux des hormones chez les humains et animaux. Ils augmentent les contractions des muscles, provoquant ainsi des douleurs de l’utérus (14).

douleur regle

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Ainsi, la production accrue ou les niveaux déséquilibrés de prostaglandines créent des douleurs en raison de l’augmentation de la contractilité utérine, de la diminution du flux sanguin utérin et de l’augmentation de la sensibilité des nerfs périphériques (15, 16).

Note intéressante : Pendant les contractions via des prostoglandines, parfois, ils provoquent également des contractions dans les intestins. Ce qui peut entraîner toute une série de symptômes gastro-intestinaux, notamment la diarrhée. Ce qui explique aussi pourquoi la plupart des femmes ont  la diarrhée pendant leur menstruations.
  • L’âge, les antécédents familiaux, l’indice de masse corporelle, le statut socio-économique, l’éducation, le tabagisme et la consommation d’alcool peuvent influencer la gravité des douleurs des règles (13, 16, 17).

Médicaments

Afin de soulager les douleurs des règles, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les pilules contraceptives orales (PCO) sont les médicaments les plus utilisés par les femmes (14).

L’objectif du traitement est de fournir un soulagement adéquat de la douleur et une réduction des symptômes avec le moins d’effets indésirables possible. Dans une revue systématique, Marjoribanks et al. (18) ont rapporté que les anti-inflammatoires non stéroïdiens pouvaient être efficaces contre la douleur des règles. Mais que certains effets indésirables, notamment des symptômes neurologiques légers (maux de tête, somnolence, vertiges) et gastro-intestinaux (nausées, indigestion), étaient plus fréquents avec l’utilisation des médicaments.

medicaments

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Compléments alimentaires et alimentation pour les douleurs des règles

Les effets secondaires potentiels de certains médicaments incitent certaines femmes souffrant de dysménorrhée à recourir à des médecines alternatives tels que les médicaments à base de plantes et les changements nutritionnels pour contrôler leurs symptômes (19-21).

Les méthodes non pharmacologiques comprennent également les modifications du mode de vie et du régime alimentaire ainsi que la pratique d’exercices physiques. Dans le cadre de la thérapie diététique, une alimentation équilibrée, un régime pauvre en graisses, la réduction de la consommation de sel dans l’alimentation, une hausse de la consommation de d’huile de poisson, de magnésium, de zinc, les vitamines B et E et la consommation de protéines et des fibres sont des approches efficaces pour réduire la douleur (22-24).

Alimentation et douleurs des règles

En ce qui concerne les facteurs alimentaires, plusieurs études antérieures ont analysé l’influence possible entre la consommation de certains aliments et les douleurs menstruelles, soulignant le rôle potentiellement protecteur d’une consommation accrue de fruits, de légumes, de poisson et de produits laitiers contre les douleurs menstruelles ; cependant, les preuves à ce sujet restent limitées à l’heure actuelle et des recherches supplémentaires sont nécessaires (25, 26).
Deux revues systématiques ont étudié l’efficacité des compléments alimentaires, y compris les vitamines et les médicaments à base de plantes, sur le soulagement des douleurs des règles. Ils ont constaté que les études primaires présentaient des preuves de faible qualité à l’appui de l’efficacité de tout complément alimentaire pour la dysménorrhée, et qu’il y avait un manque de preuves de leur innocuité (27, 28). Ainsi, si tu souffres des douleurs des règles, changer tes habitudes alimentaires est un moyen plus sûr et plus sain afin de les soulager.

alimentation équilibrée

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Pourquoi les recherches sur un aliment unique ne fonctionnent pas

Si la nutrition est la solution aux douleurs des règles, le plus important est de suivre un plan de nutrition équilibré et varié au lieu de chercher un remède dans un seul aliment. En effet, contrairement à une approche mono-aliment, les modèles alimentaires déclarent la consommation habituelle des individus en fonction de la proportion, de la fréquence et de la variation des aliments, des boissons et des nutriments (26). Bien que les analyses mono-alimentaires fournissent des résultats précieux, elles se heurtent à des limites conceptuelles et méthodologiques.

Étant donné que les personnes consomment des aliments sous forme de repas et non pas d’éléments diététiques isolés, les effets des nutriments et des aliments peuvent être synergiques ou interagir les uns avec les autres, ce qui peut empêcher l’examen de leurs effets séparés. En outre, l’analyse d’un seul aliment peut être faussée par l’effet des habitudes alimentaires (29).

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Régimes et nutriments pour les douleurs des règles

Régime végétarien

Dans un essai clinique croisé mené par Barnard et al. (30), une intervention consistant à suivre un régime végétarien pauvre en graisses pendant deux cycles menstruels a permis de réduire la durée et la gravité de la dysménorrhée. D’autres rapports anecdotiques indiquent également qu’un régime végétarien pauvre en graisses pourrait réduire les douleurs menstruelles chez certaines personnes (31, 32).

Alors, comment cela se produit-il ? La cause des douleurs des règles, comme nous l’avons déjà dit, est probablement liée à la contraction du muscle induite par les prostaglandines sous l’influence des hormones ; œstrogènes et de la progestérone (32).
Ainsi, les facteurs alimentaires modifient les concentrations et l’activité de ces hormones sexuelles dans le sang. Les régimes à base de plantes et végétariens augmentent la concentration sanguine de globuline (sont des protéines importantes présentes dans le plasma sanguin) liant les hormones sexuelles, qui lie et inactive les œstrogènes (33-35). De plus, indépendamment de l’effet du régime alimentaire, la concentration sérique de globuline liant les hormones sexuelles est inversement associée au poids corporel, qui est généralement plus faible chez les végétariens (36). Les régimes à faible teneur en graisses et végétariens réduisent également les concentrations sanguines d’œstrogènes chez les femmes préménopausées et post-ménopausées (35-41).

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Acides gras polyinsaturés (AGPI) : Oméga 3-6 (n-3, n-6)

Une étude épidémiologique sur le régime alimentaire et les douleurs des règles a démontré que les niveaux d’acides gras polyinsaturés (AGPI) sont corrélés aux douleurs des règles. En ce qui concerne les AGPI n-3, des niveaux plus élevés d’oméga 3 sont associés à des symptômes menstruels plus légers (42), alors que les AGPI n-6 sont métabolisés en prostaglandines spécifiques associées à la dysménorrhée, et il semble que le rapport entre les n-3 et les n-6 est associé aux symptômes des règles.

Magnésium

Un essai ouvert sur le magnésium comme traitement des douleurs des règles a montré que les cycles menstruels avec le supplément avaient considérablement réduit les symptômes (43). Le plus grand des essais inclus a également rapporté des données sur les niveaux de prostoglandines dans le flux menstruel (44). Les femmes qui suivaient le traitement au magnésium présentaient des taux de prostaglandines nettement inférieurs dans leur sang menstruel. Le magnésium joue également un rôle dans la relaxation musculaire (45-47).

Vitamine B6

La vitamine B6 participe à la production de la prostaglandine E2 (une autre version qui contribue à la relaxation des muscles). L’utilisation du magnésium et donc des niveaux plus élevés de vitamine B6 peuvent également influencer les douleurs des règles (48).

Vitamine B1

La vitamine B1 joue un rôle important dans le métabolisme de l’organisme. Une carence en vitamine B1 peut se caractériser par de la fatigue, des crampes musculaires, des douleurs diverses et une tolérance réduite à la douleur, autant de facteurs qui peuvent être associés à la dysménorrhée (49). Cela peut expliquer en partie pourquoi des essais ont montré que la vitamine B1 était efficace contre les douleurs des règles.

Vitamine E

Il a été suggéré que la vitamine E a des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires (49). Un essai randomisé de la vitamine E pour la polyarthrite rhumatoïde a montré une réduction significative des paramètres de la douleur, ce qui apporte un soutien supplémentaire à cette théorie (50).

Calcium et manganèse

Le manque de calcium et d’acides gras polyinsaturés est lié aux douleurs menstruelles (51). Abdul-Razzak et al (52) ont également signalé l’effet positif du calcium sur le contrôle des douleurs menstruelles. D’autres études portant sur les effets de différents niveaux alimentaires de calcium et de manganèse ont montré que l’augmentation de l’apport en calcium et en manganèse réduisent les symptômes d’humeur et de douleur associés aux menstruations (53).

Aliments à éviter

Selon les analyses de scientifiques, si nous créons un personnage qui a des douleurs des règles, cette personne n’a pas une alimentation équilibrée, ne mange pas de poisson, d’œufs et de fruits, et elle boit souvent des boissons alcoolisées.

Une étude de l’Université Dumlupinar a également rapporté que la consommation de café et les antécédents familiaux de dysménorrhée étaient des facteurs de risque importants de dysménorrhée (54).

Dans l’étude d’Ozerdogan et al (55), la prévalence des douleurs menstruelles était plus élevée chez les étudiantes qui consommaient du thé, du Coca Cola ou du Pepsi. La gravité de la dysménorrhée était plus élevée chez les femmes ayant une consommation excessive de sucre.

Conclusion

La consommation accrue de fruits et de légumes en tant que sources de vitamines et de minéraux, ainsi que de poisson et de produits laitiers, est positivement associée à une diminution des douleurs menstruelles. En revanche, les résultats sont controversés quand il s’agit d’aliments spécifiques. Les études ont également montré des associations négatives entre le fait de sauter des repas et de suivre un régime pour perdre du poids et la gravité des douleurs de règles (25). Après tout, le plus important est de suivre un régime équilibré.

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Sources :

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